Le Père Noël sur mon tabouret de cuisine : une leçon de lâcher-prise et de recherche d'équilibre dans l'école-maison

En ce moment, il y a un Père Noël sur un tabouret dans la cuisine. On n’utilise jamais les tabourets, le comptoir-lunch sous lequel ils se trouvent est fragile, on ne peut pas vraiment s’y accouder, et la cuisine est petite. On utilise donc le comptoir-lunch comme “coffee bar” où se trouvent les tasses, des théières (j’adoooore les théières), la machine à café, etc.

Il y a un Père Noël sur un des tabourets. Il est là depuis Noël dernier (nous sommes en octobre). Il décorait une bibliothèque, et en janvier, je l’ai découvert, me regardant avec ses grosses joues roses, comme un Père Noël tout droit sorti des années 1980. Je me suis dit que j’allais le descendre au sous-sol avec le reste des décorations. SPOILER ALERT : je ne l’ai jamais descendu.

Il fut un temps où cela m’aurait rendue folle. Il aurait été sur ma to-do list mentale tous les jours, et je me serais constamment flagellée de ne pas l’avoir descendu. C’était avant que je comprenne vraiment l’impact d’avoir un TDAH, deux enfants scolarisés à la maison et un mari avec un handicap visuel sur ma capacité à accomplir des tâches. J’ai une limite que j’atteins assez rapidement, et à un moment donné, il y a trop à faire : alors, je ne fais plus rien.

Il y a un Père Noël sur un des tabourets de ma cuisine, et franchement, je m’en fiche. À ce stade, il est prêt pour Noël cette année. Voilà ! L’expérience humaine est un peu absurde quand on y pense. Maintenant que mes enfants sont grands, j’ai beaucoup moins de responsabilités sur les épaules, et c’est là que j’accepte pleinement qui je suis. C’est aussi pourquoi j’accepte sans aucun problème le Père Noël sur mon tabouret.

J’ai passé tellement d’années à faire l’école-maison en me disant que je n’en faisais jamais assez. J’ai fait l’école-maison pendant 15 ans, et je pense que j’ai passé 15 ans à me dire que ce n’était jamais assez. Mais il y a eu des moments particulièrement difficiles. Des moments où je me suis assise devant mon ordinateur pour m’occuper du groupe de soutien, de mon bénévolat à l’association ou des activités de mes enfants, et je n’étais pas capable de faire quoi que ce soit. Assise devant mon ordi, avec exactement la même posture que mon Père Noël : figée, le regard fixe, incapable de bouger.

Il y a des moments où j’étais tellement vidée que je ne faisais que pleurer. Je travaillais le soir, faisais l’école-maison le jour, et j’avais des bronchites qui duraient des semaines. C’était ridicule.

Voici ce que la vie m’a appris à propos de tout cela.

1) Admettre, reconnaître et accepter

La première étape pour éviter le burn-out est de reconnaître la réalité de la charge mentale que représente l’école-maison. Trop souvent, on minimise l’impact psychologique et émotionnel d’organiser les apprentissages, gérer les enfants, et maintenir l’équilibre familial. Il est important d’accepter que ce rôle est exigeant et que l’épuisement est un risque réel. Cette prise de conscience doit s’accompagner de discussions ouvertes avec les autres membres de la famille, notamment le conjoint, afin qu’ils puissent comprendre l’ampleur des responsabilités. La reconnaissance des difficultés permet d’alléger la culpabilité et de trouver des solutions concrètes, comme déléguer certaines tâches ou simplifier des routines.

Stratégies pour éviter le burn-out :

• Parlez régulièrement avec votre conjoint ou une personne de confiance pour verbaliser votre ressenti.
• Révisez vos attentes envers vous-même ; la perfection n’est pas atteignable, et l’objectif doit être le bien-être familial.
• Planifiez des moments de pause pour vous ressourcer mentalement et émotionnellement.

2) Faire face à nos limites personnelles

Accepter ses propres limites est un élément clé de la prévention du burn-out. Chaque personne a un seuil d’énergie différent, et il est crucial d’apprendre à dire non ou à prioriser les tâches qui comptent le plus. Ce processus demande de se détacher de l’idée que l’on doit « tout faire ». En tant que parent enseignant, il est facile de s’imposer des standards irréalistes, qu’il s’agisse de vouloir exceller dans toutes les matières ou de maintenir une maison parfaitement ordonnée.

Stratégies pour éviter le burn-out :

• Identifiez vos limites physiques et émotionnelles : par exemple, si vous êtes épuisé par des journées chargées, allouez des moments de récupération.
• Utilisez des outils comme la planification par priorités : concentrez-vous sur une ou deux tâches principales par jour, et dédramatisez celles qui ne peuvent être accomplies immédiatement.
• Cultivez la compassion envers vous-même : apprendre à pardonner vos propres imperfections est essentiel pour préserver votre énergie mentale.

3) Apprendre en continu

Le monde de l’école-maison est en constante évolution, tout comme les besoins de vos enfants et la structure familiale. Ce qui fonctionnait hier pourrait ne plus être efficace demain. Ainsi, se maintenir informé et apprendre continuellement est un antidote puissant contre le burn-out. Ce n’est pas seulement une question de techniques pédagogiques, mais aussi de découvrir des moyens de mieux gérer son temps, ses émotions et son environnement. L’apprentissage doit être perçu comme une source de motivation et non comme une charge supplémentaire.

Stratégies pour éviter le burn-out :

• Participez à des conférences ou ateliers en ligne pour découvrir des approches pédagogiques plus adaptées à vos besoins.
• Trouvez des mentors ou rejoignez des groupes de soutien où l’on peut échanger sur les défis quotidiens.
• Variez vos sources d’apprentissage : podcasts, livres ou vidéos qui stimulent votre créativité et vous aident à sortir de la routine.

4) Donner un sens à ce que vous faites

La motivation intrinsèque est l’un des moteurs les plus puissants contre l’épuisement. Prendre le temps de réfléchir au « pourquoi » vous avez choisi l’école-maison permet de vous reconnecter à vos valeurs et à votre mission. Parfois, la routine quotidienne masque les raisons profondes qui vous ont poussé à faire ce choix. En retrouvant cette raison, vous pouvez vous recentrer et redéfinir vos priorités, en vous éloignant des pressions extérieures.

Stratégies pour éviter le burn-out :

• Prenez un moment chaque mois pour écrire ou penser à vos raisons profondes de faire l’école à la maison.
• Alignez vos activités quotidiennes avec ces objectifs : par exemple, si l’une de vos valeurs est l’autonomie, réfléchissez à des projets ou des approches qui favorisent cette compétence chez vos enfants.
• Partagez vos motivations avec vos enfants ; cela crée une cohérence dans votre démarche et peut renforcer l’engagement familial.

5) Avoir du plaisir

L’une des meilleures façons de prévenir le burn-out est d’incorporer du plaisir dans votre routine. L’école-maison ne doit pas être une corvée constante. Il est important de créer des moments de joie, de légèreté et de célébration pour vous et pour vos enfants. Les moments de détente permettent de relâcher la pression et de maintenir un équilibre entre productivité et bien-être. Trop souvent, l’idée de « s’amuser » est perçue comme une perte de temps, mais c’est en fait l’une des meilleures façons de régénérer son énergie.

Stratégies pour éviter le burn-out :

• Organisez des journées « off » ou des activités spontanées sans but pédagogique strict, comme des sorties nature ou des jeux en famille.
• Encouragez la créativité et l’humour dans vos séances d’apprentissage : cela peut être sous la forme de jeux de rôle, d’expériences ou de projets artistiques.
• Prenez du temps pour vous amuser seul, que ce soit à travers un passe-temps ou une sortie entre amis, pour recharger vos batteries.

En abandonnant des attentes irréalistes et en acceptant le chaos, j’ai trouvé l’équilibre et la joie dans l’école-maison. En reconnaissant mes limites, en priorisant le bien-être et en intégrant des moments de plaisir, j’ai appris que le succès ne réside pas dans la perfection, mais dans la résilience et la connexion avec ma famille.